#Allemagne Que prévoit l’accord provisoire de gouvernement ?

Après une semaine de discussions exploratoires, CDU/CSU et SPD se sont entendus, vendredi, sur un accord provisoire de gouvernement.

Dans la négociation de cet accord, les sociaux-démocrates allemands ont défendu des mesures pour faire profiter le plus grand nombre de la prospérité économique, améliorer la cohésion sociale et accompagner les grandes transitions numériques et écologiques.

En matière d’emploi, le SPD a ainsi introduit la possibilité pour les salariés à temps partiel de passer à un temps plein s’ils le souhaitent. L’accord prévoit également de fixer une rémunération minimale pour les apprentis et des investitions à hauteur d’un milliard par an pour réintégrer les chômeurs de longue durée sur le marché de l’emploi.

Enfin, les deux formations souhaitent revaloriser les métiers du secteur social et rétablir la parité du financement de l’assurance maladie.

Le parti de Martin Schulz a également obtenu des garanties dans le domaine social, notamment sur le maintien du niveau des retraites, ainsi qu’une avancée en matière d’éducation, avec la possibilité pour l’Etat fédéral (Aufhebung des Kooperationsverbot) d’intervenir dans ce secteur resté jusque-là une compétence des Länder. Un nouveau plancher, la Grundrenteserait aussi introduit pour revaloriser les pensions de 10% au delà du niveau des minimas sociaux (Grundsicherung) après plus de 35 années de cotisations.

Les deux familles politiques s’engagent par ailleurs à lancer un vaste programme d’investissements publics en faveur notamment des écoles, souvent délabrées, des routes et des infrastructures numériques. La chancelière a annoncé également la construction d’ 1,5 million de logements d’ici à 2022.

Concernant la protection de l’environnement, les partis se sont accordés pour limiter l’usage du glyphosate en Allemagne et progessivement abandonner l’exploitation du charbon, mais ont renoncé à pénaliser les moteurs à diesel.

Le texte de l’accord acte également le rôle crucial que la coopération franco-allemande doit jouer dans le processus européen, affirmant que son renouveau ne pourra s’accomplir sans une coordination renforcée. L’agenda progressiste de cette nouvelle coordination pourrait comporter des réformes pour établir des standards sociaux européens, l’harmonisation de la fiscalité des entreprises et la lutte contre les paradis fiscaux.

Outre le recul sur le diesel et une ambition environnementale qui fait défaut, l’accord entérine deux concessions importantes faites aux conservateurs :

  • l’abandon de la réforme de l’assurance-maladie citoyenne (Bürgerversicherung), voulue par le SPD pour mettre au système à deux vitesses dans l’accès aux soins
  • la limitation du nombre de demandeurs d’asile arrivant chaque année entre 180.000 à 200 000 (Obergrenze) et du regroupement familial – un maximum de 1 000 personnes pourront prétendre à ce dispositif chaque mois.

Cet accord provisoire doit encore être validé par les adhérents de la SPD, peu enthousiastes, lors d’un congrès le 21 janvier prochain. En cas de validation, s’ouvrira une nouvelle séquence de négociations qui pourrait durer jusqu’au printemps. A suivre !….