COMMUNIQUÉ du GROUPE FRANÇAIS DU MONDE ÉCOLOGIE ET SOLIDARITÉ à l’ASSEMBLÉE DES FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER
Pour la défense du service public de l’enseignement français à l’étranger !
Le Président de la République, dont le gouvernement impose partout des économies drastiques, vient d’annoncer son souhait de doubler les effectifs dans les lycées français à l’étranger, à moyens constants.
Redescendons de la planète des mots vides et des objectifs inaccessibles et revenons donc à la réalité du moment : Il faut répondre à la demande réelle d’enseignement qui est en hausse continue aujourd’hui en conservant la qualité de cet enseignement. Cette qualité fait l’attractivité de notre réseau d’enseignement français à l’étranger !
La réalité est que l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) se trouve dans une situation financière extrêmement difficile. Les raisons en sont simples : l’AEFE paie la part patronale des pensions civiles des fonctionnaires détachés tandis que l’État maintient sa subvention à l’AEFE à ce titre au même niveau depuis des années, creusant un différentiel de 54 millions d’euros en 2018. De plus, la coupe de 33 millions d’euros à l’été 2017 a encore aggravé le déficit de l’AEFE.
Les mesures prises vont dans le mauvais sens, tant la hausse de 50% des remontées financières des Établissements en Gestion Directe (EGD) et conventionnés (mais pas les partenaires privés), soit 9%, contre 6% précédemment, des frais de scolarité qu’ils perçoivent (en attendant une baisse à 7,5% en 2019) que les suppressions de postes massives (100 résidents, 80 expatriés en 2018, le même nombre annoncé en 2019).
Or, les suppressions de postes mettent en péril les établissements et leur modèle si attractif aujourd’hui.
Si l’AEFE peut cette année encore supprimer des postes sans drames humains, la stratégie générale est floue et ne prend pas toujours en compte les capacités réelles de recrutement local, sans accompagnement sérieux de formation et sans que l’on sache s’il existe un objectif de rééquilibrage géographique du réseau. L’Assemblée des Français de l’Étranger a d’ailleurs adopté une résolution sur ce sujet.
Le groupe FDMES demande qu’une feuille de route claire soit établie concernant le déploiement des titulaires dans le réseau. Nous regrettons le refus de l’État d’accompagner budgétairement la hausse de la demande d’enseignement français, c’est-à-dire d’investir dans le rayonnement de la France, ne serait-ce qu’en suivant la hausse de la part patronale des pensions civiles dues par l’AEFE. Nous affirmons que la présence d’au moins 50% d’enseignants titulaires de l’Éducation Nationale dans tous les établissements est un objectif impératif.
Les frais de scolarité augmentent de 6,6% en € et en moyenne mondiale, le budget des bourses scolaires se stabilise alors que le nombre d’enfants français quittant le réseau explose et sera donc rapidement insuffisant pour assurer à moyen terme la mixité sociale au sein des établissements.
Le groupe FDMES refuse absolument que l’accès des Français à l’étranger aux différents dispositifs d’enseignement soit conditionné par les revenus des familles.
Au-delà, si la volonté est que le réseau continue à être attractif, des évolutions seront nécessaires.
Le groupe FDMES souhaite que les postes de direction (chefs d’établissement, DAF, directeurs d’écoles primaires dans les gros établissements) soient des postes d’expatriés mais seulement ceux-ci. L’économie ainsi faite pourrait permettre d’avoir des titulaires déployés de manière stratégique afin de servir le développement du réseau.
Nous estimons que l’ISVL (la prime de cherté de vie) doit devenir un moyen incitatif transparent qui contribue à la mobilité nécessaire, mais nous nous opposons à la mobilité forcée et aux retours forcés en France, notamment pour les personnels qui résident depuis longtemps dans un pays.
Nous estimons par ailleurs que tous les efforts n’ont pas encore été faits sur le plan diplomatique pour solliciter des participations au fonctionnement du réseau des pays européens qui utilisent les établissements pour la mobilité internationale de leurs ressortissants ou de pays où le réseau des lycées français tend à se substituer au système éducatif local.
Enfin, le Groupe Français du Monde Écologie et Solidarité rappelle son attachement au service public de l’enseignement français à l’étranger alors que le président de la République a évoqué dans son discours du 20 mars une meilleure association du privé. La trajectoire de croissance d’une école passe souvent par la naissance d’une initiative privée, homologuée si elle est conforme aux critères du Ministère de l’Éducation Nationale, mais cette première étape devrait être suivie du conventionnement d’une association de gestion parentale avec l’AEFE, voire d’un passage en gestion directe, devenu rare, lorsque des impératifs locaux l’exigent. Nous exprimons à nouveau toute notre solidarité envers les familles, les professeurs et les personnels des lycées français à l’étranger qui se mobilisent aujourd’hui face à ces politiques d’austérité.
Nous mettons en garde contre toute logique de privatisation du système qui ne conduirait pas à plus de rentabilité ou d’efficacité. Elle pousserait en effet demain les parents – dans un contexte de forte concurrence d’offres éducatives dans leurs pays d’accueil – à retirer leurs enfants des écoles et lycées français à l’étranger, ce qui affecterait les recettes des établissements et de l’AEFE à court terme et irait à l’encontre de l’objectif de « croissance » affiché aujourd’hui.