On pourrait certes se réjouir de voir la liste UMP pour les élections consulaires s’engager pour autre chose que la flexibilité de l’emploi sur le marché du travail, comme la réclament ses ténors parisiens, et se préoccuper de l’École et de meilleures conditions d’enseignement. Hélas, étant donné les approximations, voire les inexactitudes, que contiennent son site et les brochures distribuées par ses membres à l’entrée du Lycée, on pourrait se demander si cet intérêt n’est pas un peu imaginaire, voire surtout conjoncturel et lié aux élections.
Tout d’abord, le Lycée Saint Exupéry de Hamburg, malgré sa belle filière Abibac et malgré le statut d’Ersatzschule que nous a généreusement accordé la Hansestadt Hamburg, n’est pas une école bilingue, contrairement à ce que sous entend le site Web de la liste UMP, c’est un lycée français !
Ensuite, en quoi consiste le « renforcement de la sécurité… pour les plus jeunes élèves » aux abords du lycée ? S’il s’agit de l’installation d’un gardien et de sa guérite à l’entrée Hartsprung du Lycée, la décision fut entièrement prise par le Comité de Gestion et la Proviseure. S’agit-il plutôt de la demande (gracieuse) faite aux parents des élèves plus âgés de ne pas amener ces derniers en voiture jusqu’au bout de la rue, et de laisser celle-ci aux parents des élèves les plus jeunes, le projet et la décision furent encore ceux de la Proviseure. M. Zeller (à supposer que ce soit lui qui soit l’auteur de ces propos), délégué-suppléant des parents au Conseil d’École, ne s’attribuerait-il pas ici le mérite de mesures prises par d’autres ? À moins que l’expression « ses actions ont permis… » signifie seulement « ses pensées allaient dans le même sens que.. »…
Enfin, l’expression « création d’un nombre défini de remplaçants pour les professeurs de français et d’allemand » ne correspond, en fait, à rien : en effet, il est impossible d’engager à plein temps des remplaçants (de professeurs absents pour maladie, par exemple) qui, du jour au lendemain, devraient tout quitter pour s’occuper d’une classe et retourner ensuite à leur premier emploi, comme si de rien n’était. Même si on peut comprendre l’inquiétude de parents soucieux de la réussite de leurs enfants, ces absences relèvent du droit du travail (français pour les fonctionnaires français et allemand pour les recrutés locaux du Lycée). Si elles viennent à s’éterniser, des remplaçants peuvent souvent être trouvés, mais seulement au coup par coup et, une fois de plus, ces mesures sont uniquement du ressort de la Proviseure et du Comité de Gestion du Lycée. Difficile donc de savoir comment les « actions » d’un délégué suppléant au Conseil d’école auraient pu « permettre » quoi que ce soit dans ce domaine. Ce qui, de toute façon, ici, n’a pas été le cas !
Quant à la « transparence », si le site de l’UMP-UDI veut dire par là une communication et une collaboration toujours plus étroites entre les parents et le LFH, on ne peut que tomber d’accord. Et on ne peut qu’être heureux que M. Zeller s’y emploie.
S’il est donc vrai que, dans une campagne électorale, les tracts contiennent des slogans simplificateurs et des exagérations, on pourrait souhaiter, sur un sujet aussi important pour la communauté française, une connaissance plus sérieuse des réalités du LFH. Face à un avenir qui, pour le Lycée Saint Exupéry, s’annonce plein de défis redoutables (comme celui de son financement lors de la disparition des Hortgutscheine hambourgeois ou celui de ses locaux insuffisants en comparaison avec l’accroissement de ses élèves), n’y a-t-il pas là une légèreté un peu inquiétante, voire une naïve instrumentalisation du Lycée dont celui-ci se passerait bien ?
Alain CROUZET, professeur de philosophie au Lycée Saint Exupéry,
Délégué du SGEN-CFDT et représentant (titulaire) des professeurs au Conseil d’établissement du LFH