La grande majorité des enfants issus de familles françaises et bi-nationales, parce qu’ils sont éloignés des établissements scolaires français, fréquentent les centres scolaires allemands où ils y reçoivent une formation de qualité basée sur le principe selon lequel une tête bien faîte vaut mieux qu’une tête bien pleine. Arrivés dans le secondaire, ils suivent les cours de français-langue étrangère enseignés en première ou deuxiéme langue. Le système de l’abi-bac pratiqué dans certains Gymnasium donne à l’élève des bases solides tant dans le contenu du programme français que pour l’accès à l’enseignement supérieur dans les deux pays.
Toutefois cette acquisition des connaissances du français se faisant sous une forme scolaire auprès d’enfants ayant dépassé le stade du primaire, laisse de nombreux parents insatisfaits. Aussi, au cours des années, des initiatives parentales et des actions montées par des associations françaises ont permis de regrouper les enfants autour d’une animatrice leur donnant une autre approche de la langue française fondée sur l’aspect culturel et maternel de la langue. L’Etat français dans l’impossibilité de multiplier les établissements scolaires, conscient de la richesse de telles actions pour le maintien de la francophonie développe depuis les années 2000 un système de subvention désigné sous le sigle FLAM destiné à les soutenir financièrement.
Le groupe qui en fait la demande auprès de l’ambassade à Berlin doit avoir un statut d’association et la formation dispensée répondre à des critères de qualité. Cette subvention vise essentiellement à permettre le démarrage de l’activité et l’achat de matériel. Reconductible sur cinq exercices, cette subvention a permis à de nombreux groupes sur tout le territoire allemand d’asseoir leur action. Sur la circonscription de Francfort, par exemple, ce fut le cas des groupes à Francfort, Worms, Neustadt. Aujourd’hui sont concernés des groupes à Cologne, Bonn, Kaiserslautern.
Derrière ce sigle Apprentissage du Français Langue Maternelle se trouve la volonté de considérer l’approche de la langue française comme constructrice de la personnalité de l’enfant en relation avec ses origines. L’enfant, dans un climat propice à l’échange et à l’écoute se familiarise avec la langue parlée avec sa famille française, découvre au contact d’autres enfants qu’il n’est pas le seul à parler deux langues à la maison et s’initie aux traditions françaises. De leur côté, les parents sont motivés dans le maintien de la pratique du français, ce qui n’est pas évident après des années vécues en Allemagne, plongés dans une langue étrangère.
Au-delà de l’apprentissage de la langue française, l’existence de groupes d’enfants constitue un enrichissement pour notre communauté car il crée des échanges entre les parents, tisse des liens sociaux entre les membres permettant à certains parents de ne pas rester isolés et tout simplement ils sont, pour nous adultes, l’occasion de retrouver nos yeux d’enfants à travers comptines, lecture et ateliers.
Par Elisabeth Barg et Anne Henry-Werner